Alcide CINET compte parmi les très nombreux blessés de 14-18, plusieurs millions.
Mobilisé, il rejoint le 2 août 1914, à 31 ans, le 269ème Régiment d’Infanterie à Domgermain, près de Toul. La plupart des combattants sont des réservistes comme lui.
Le 6 août, le lieutenant-colonel GRANGE commande le régime et harangue ses troupes lors de la présentation du drapeau. Il « rappelle l’humiliation de 1870, les souffrances de la Lorraine et de l’Alsace », prononce « quelques mots vibrants de patriotisme »*
La campagne se déroule d’abord en Lorraine : Le 269ème prend part à la bataille du Grand Couronné, une série de hauteurs qui dominent Nancy, entre le 4 et le 13 septembre 1914. Côté allemand, Guillaume II souhaite s’emparer de la ville et vient en personne soutenir ses troupes.
Les combats sont violents, les pertes humaines importantes à Sainte-Libaire, Courbesseaux, Gellenoncourt, Drouville, Haraucourt, Buissoncourt. Difficile de savoir si Alcide était présent quand le 9 septembre, au bois d’Haraucourt, le capitaine Gélas, commandant la 23ème compagnie, tombe mortellement blessé. Très apprécié de ses hommes, ils lui affirment « Nous vous vengerons, mon capitaine ». « Combattez-les courageusement, répond-il… mais sans haine !… »
Finalement les Français tiennent bon, malgré des pertes humaines importantes et la destruction de nombreux villages.
Le Grand-Couronné et la bataille de la Haute Meurthe contribuent à la réussite alliée de la 1re bataille de la Marne, le front se stabilise à hauteur de la Seille.
Fin septembre, le 269e régiment d’infanterie est envoyé dans l’Aisne. C’est la « course à la mer qui débute. Avec son régiment, Alcide prend le train à Nancy le 29 septembre. Personne ne sait quelle est la destination prévue. « La gare régulatrice indiquée est Serqueux » en Seine Maritime. Les trains passent par Toul, Neufchâteau, Bologne, Chaumont, Troyes, Versailles… On débarque à Saint-Pol-sur-Mer, près de Dunkerque et l’on rejoint les cantonnements à Drocourt, Rouvroy et Bois-Bernard.
Le 1er octobre le 5ème bataillon et le groupe d’artillerie Jullien arrivent à Izel-lès-Equerchin et y rencontrent les troupes allemandes. Le combat se prolonge jusqu’à la tombée de la nuit autour du village, il cesse vers 19h30.
Le 2, on organise la défense d’Izel. L’ennemi reprend ses attaques dès 8 heures. Le groupe Jullien lui cause des pertes puis, manquant de munitions, doit se retirer. La batterie Bedel tente de le couvrir mais est rapidement mise en hors de combat.
Le village est presque cerné, certains sont faits prisonniers, d’autres subissent les tirs des mitrailleuses, tombent sous le feu des obus.
« Les pertes de la journée ont été considérables » pour le 269ème : un officier et 9 hommes de troupe sont morts, quatre officiers et 155 soldats blessés, 208 hommes sont portés disparus.
Alcide lui est blessé à la jambe et au côté gauche, un éclat d’obus. Il est évacué et retournera sur le front moins de deux mois plus tard. Il y reste vingt-sept jours, tombe malade, est évacué de nouveau pour deux mois. Il reprend les combats de mars à juin 1915, est placé au dépôt du 9 juin au 8 novembre. A compter du 9 novembre jusqu’à la fin de la guerre, il est détaché en usine, aux établissements Reveilhac et Suppot, à Montreuil-sur-Blaise. Il sera démobilisé le 19 mars 1919 et totalement libéré de ses obligations militaires le 15 octobre 1931.
*Historique du 269ème RI (Anonyme, librairie Chapelot).