Le D de Décorations pour mon #ChallengeAZ sur la Grande Guerre.
En 1914, la France n’a pas de décoration spécifique pour récompenser les actes de bravoure en temps de guerre. En novembre, Maurice Barrès demande « la création d’une nouvelle récompense militaire, d’une médaille de bronze pour que le chef puisse décorer ses plus braves soldats sur le champ de bataille après chaque affaire ». Créée le 8 avril 1915, la croix de guerre sera attribuée à 1 200 000 combattants.
Juillet 1918, au sein de 10e Bataillon de Chasseurs à Pied, Félix BONNECUELLE, tout juste vingt ans, est à Saint-Hilaire-Le Grand (1). Des prisonniers révèlent que l’attaque allemande est prévue pour le 15. « L’attaque commence à minuit. Notre artillerie déclenche immédiatement sa CPO » (Consigne Permanente Opérationnelle). « L’enjeu est immense. C’est encore une fois le sort de la France qui se joue. Il faut que cette bataille soit pour nous, une nouvelle victoire de la Marne. » Les troupes sont gonflées à bloc, sûres de la victoire ce jour-là. Les jeunes soldats de la classe 1918 sont nombreux et connaissent le feu pour la première fois pour certains. Les termes du JMO sont violents : « viser et abattre le boche », « les tirailleurs [ennemis]… sont brisés ». Pour autant le bataillon comptera quatre tués, trente-deux blessés et vingt-neuf disparus. L’ensemble des unités engagées, françaises, américaines et polonaises, déploreront 337 hommes hors de combat à Saint-Hilaire-Le Grand. Les troupes allemandes payent un très lourd tribut, lors de la bataille défensive de Champagne avec 40 000 tués, blessés ou prisonniers, quand la France perd 5 000 hommes. La tactique défensive et offensive est alors menée par Pétain, devenu général en chef de l’armée française.
Le 16 juillet, le général Gouraud s’adresse ainsi aux soldats de la 4ème armée : « Vous avez le droit d’être fiers, héroïques fantassins et mitrailleurs des avant-postes qui avez signalé l’attaque et l’avez dissociée, aviateurs qui l’avez survolée, bataillons et batteries qui l’avez rompue, états-majors qui avez si minutieusement préparé ce champ de bataille. » S’ensuivra une série de citations, promotions et décorations à laquelle Félix BONNECUELLE sera associé. Il est cité à l’ordre du bataillon, pour avoir le 15 juillet 1918 « fait preuve d’un cran remarquable et d’une grande bravoure, en décimant l’ennemi par la justesse de son tir, puis en l’obligeant à battre en retraite ». Félix deviendra chasseur 1ère classe en janvier 1919, mais décèdera un an plus tard de séquelles de la guerre. Il avait vingt-deux ans.
Je vous ai présenté, il y a quelques semaines un autre BONNECUELLE : Abel Henri . Il rejoint le 42e Bataillon de chasseurs à pied le 28 septembre 1918 à Estrées-Saint Denis (Oise). Embarquement pour Caëstre (Nord) et cantonnement à Godewaersvelde à 17 heures.
Le bataillon poursuit en Belgique et participe à la reconquête du pays : Merkem, où il bivouaque au milieu du marécage, la marche difficile de nuit, sous la pluie et sur des routes encombrées jusqu’à la forêt de Houtulst et enfin il rejoint la première ligne le 17 octobre.
Les armées belges sont très largement engagées, accompagnées des britanniques et de quelques détachements français. « Le roi soldat », Albert 1er, est au commandement depuis le début septembre.
Le lendemain, l’objectif du 42e est de rejoindre la route de Bruges vers Hille, puis de tenir celle de Thielt. Le lendemain l’attaque française doit reprendre à 7h. Les mitrailleuses allemandes canardent les français toute la journée faisant une quinzaine de blessés et un tué. Pour Bébel cette journée sera marquée par une citation à l’ordre du bataillon : « Brave chasseur est resté à son poste de combat le 18-10-1918 malgré un très violent bombardement ». La croix de guerre Etoile de bronze lui est décernée.
L’attaque se poursuivra encore quelques jours, le bataillon reconquiert une quarantaine de kilomètres, puis le 3 novembre, il est envoyé à l’arrière.
Autre médaillé, Théodore « Gaston » DESCURIAUX, beau-frère d’Alcide CINET recevra la croix de guerre en 1919. Il est cité à l’ordre du 232e régiment d’infanterie le 16 janvier. Croix de guerre étoile de bronze, pour quelle raison ? Peut-être comme d’autres parce qu’il a passé plus de quatre années au front et « rempli avec dévouement les missions qui lui étaient confiées» (2).
(1) Au nord-est de Mourmelon-Le-Grand, dans la Marne (51).
(2) Fiche matricule de Clotaire MEUNIER.
Source :
Journaux des unités engagées dans la Première Guerre mondiale
https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?larub=2&titre=journaux-des-unites-engagees-dans-la-premiere-guerre-mondiale