Pour un challenge AZ dont le sujet est « les ascendants et descendants de Pierre Jézéquélou (1753-1807) », je ne vous ai pas beaucoup parlé de lui. La raison en est simple : je connais peu de choses de la vie de Pierre. J’ai évidemment trouvé sur le site des archives du Finistère les trois événements de base des généalogistes, baptême, mariage et décès. J’ai remonté sa généalogie sur six générations, avec quelques ancêtres encore à rechercher. Côté descendance, j’ai retrouvé tous les enfants qu’il a eus avec son épouse, Jeanne Garin (1756-1822), développé trois branches, retrouvé 189 descendants en deux mois. Dix générations de descendants de Pierre, pour aboutir aux enfants d’aujourd’hui !
Mais, de Pierre lui-même, je ne sais pas grand-chose. Il faut dire que je n’ai exploité que les archives en ligne. Il va me falloir aller chercher plus loin et rendre visite aux archivistes du Finistère. Ce sera avec plaisir d’ailleurs, l’accueil est chaleureux. Et comme je sais qu’ils suivent ce challenge, je me permets de leur faire un petit coucou.
Mais une visite aux archives, ça se prépare. Il faut savoir quoi chercher et j’ai encore un peu de travail à la maison à faire.
Au détour des trois événements généalogiques, j’ai enregistré quelques informations qui permettraient de tirer le fil de la vie de Pierre.
Ce sont deux de ses fils, Pierre et Jean qui déclarent son décès. A cette date, le second, encore célibataire, vit au Frout Guen, avec ses parents. C’est là que Pierre est décédé.
Un renseignement bien mince pour l’instant. Que pourrais-je bien chercher de plus ?
J’y suis ! Pierre a vécu la Révolution française et je sais que les AD29 ont mis en ligne les cahiers de doléances. Allons fouiller de ce côté.
Que c’est pratique le numérique !
Non seulement, je peux lire le cahier de doléances de Combrit, dans le texte ou dans sa transcription, mais de plus, le procès-verbal de l’assemblée générale du 7 avril 1789 est en ligne.
Tous les hommes majeurs, c’est-à-dire de plus de 25 ans, contribuables, qui résidaient à Combrit, ont été convoqués à cette réunion. Ils y ont rédigé le cahier de la commune et élu leur représentant à l’assemblée de la sénéchaussée de Quimper.
En 1789, Pierre a trente-six ans. Son père, Pierre Diquelou (1723-1782), est décédé depuis sept ans. Si notre Pierre payait des impôts, il a dû participer à cette assemblée générale.
A moins que… A moins que je ne trouve un homonyme ? Un cousin ? Il y a tellement de Pierre dans la famille Jézéquélou ! Sur mon fichier, une vingtaine sous le patronyme de Diquelou, et encore sept sous celui de Jézéquélou, avec ou sans accent. Il est possible que certains apparaissent plusieurs fois, faute d’avoir éliminé des doublons, mais tout de même cela fait beaucoup.
Recherche rapide… En fin de compte, je n’ai sur mon fichier que notre Pierre qui coche le critère d’âge et qui soit en vie en avril 1789.
Je commence la lecture du procès-verbal de l’assemblée générale.
« Au Jourd’hui Sept avril mil sept cent quatre vingt neuf à huit heures du matin à l’assemblée généralle de tous les habitants formant la Commune ou Tiers Etat de la paroisse de Combrit réunie en la Sacristie de l’Eglise paroissiale dudit Combrit, lieu ordinaire des délibérations d’après la convocation ».
Suit un ou deux mots que je ne parviens pas à lire et pourtant cela n’a rien à voir avec les textes que nous devons transcrire dans le cours de paléographie.
« la convocation (…) faite dimanche dernier par Monsieur Duilhuit, Recteur de ladite paroisse… ».
Puis le scripteur liste les noms des habitants rassemblés. Je note des noms et lieux-dits que je connais : Pierre Le Pochat de Tromarzin, Jean Garin de Roscanvel, Yves Daoulas du Ru, Pierre Diquellou de Helles, Armel Diquellou du Grand Bourg, Yves Nicolas de Tromarzin, Noël Diquellou du Haffond, Michel Le Floch de Kergadec, Jean Garin de Coroach.
Un dernier nom, YES ! Pierre Diquellou du Frout Guen.
Mon cœur de généalogiste bat la chamade. J’ai trouvé Pierre, il a participé à la rédaction des cahiers de doléances. Même si ça n’a rien d’exceptionnel, j’en suis si excitée que je ne vais même pas pouvoir lire le contenu de leurs revendications. Ce sera pour une autre fois.
Et puis le doute m’assaille de nouveau. Et si ce n’était pas la bonne personne. S’il y avait un autre Pierre Jézéquélou, qui ne payait pas d’impôt. Un autre Pierre qui ne pouvait pas élire de représentant aux États Généraux ?
Il faudra vérifier aux archives départementales, consulter les archives de l’Ancien Régime, série CC, finances, impôts et comptabilité, les rôles de taille, de capitation et de vingtième, comme je l’ai appris dans un cours du Diplôme Universitaire. Mais bon, j’ai confiance et j’en apprendrai encore davantage sur Pierre.
Sources :
– FRAD029_10B_022_011_001.jpg, Cahiers de doléances et élection des députés, Combrit, site des Archives Départementales du Finistère, consultation du 18/11/22.