Je n’ai pas la prétention de remplacer « le p’tit cours de breton » de France Bleu Breizh Izel, mais j’ai laissé passer le E pour École, alors je me rattrape avec Skol. Non, je ne regrette rien et surtout pas mon atelier d’épingle de pardon.
Vous ne comprenez pas ce que je veux dire ? Vous pouvez récupérer le fil de mes pensées en passant par-là : E comme Épingle. Et si vous me suivez, je poursuis.
Je disais donc S comme Skol, école en breton.
En mai 2022, Combrit a célébré le centenaire de l’école de Sainte-Marine. Rapidement, l’école publique devient mixte, croit en effectifs. Pourtant, ce n’était pas gagné, la guerre publique – privé a fait rage à Combrit et pendant quelques décennies.
En 1905, quand la loi de séparation des Églises et de l’État est votée, Combrit a déjà deux écoles communales, mais des écoles privées. L’une de garçons, l’école Saint-Joseph, l’autre de filles, propriété de la Comtesse de Guerdavid. Deux maîtres à l’école libre de garçons, les Sœurs du Saint-Esprit pour enseigner aux filles.
Les deux entités sont très appréciées des Combritois et personne ne voit d’utilité de créer une école publique. Pire, le maire et son Conseil municipal sont farouchement opposés à la création d’écoles publiques au bourg. Les finances de la commune ne le permettent pas, il y a bien trop à faire avec le bac à vapeur, l’aide aux familles défavorisées, etc.
A la rigueur, la commune accepterait de créer une école à Sainte-Marine, pour les malheureux enfants de pêcheurs. C’est tout.
Pour moi, fille de l’école publique et laïque, tout ça est bien étrange. J’ignorai jusqu’à ce jour que des maires ont été révoqués pour avoir participé à des manifestations de soutien aux enseignantes religieuses. L’État n’y était pas allé de mainmorte, et les partisans des écoles libres répliquaient sur le même ton : apposition de scellés sur les écoles, révocation de maires, les combats étaient âpres.
L’affaire passionne la France entière et le journal « Le Radical » s’en fait l’écho dans son édition du 26 septembre 1902 : « Borelli, maire de Combrit ; de Legge, maire de Gouezec ; de Kerdanet, maire de Trégarantec, sont révoqués de leurs fonctions pour avoir participé aux manifestations qui se sont produites lors de l’expulsion des religieuses ».
Félix Borrelly de Kervélégan, révoqué, la commune de Combrit persistera encore de longues années dans son refus d’école publique.
Quoiqu’il en fût, dans les années 20, les petits Combritois étaient nombreux sur les bancs des différentes écoles. Aujourd’hui, c’est toujours le cas*, signe du dynamisme de la commune.
Et vous les descendants Jézéquélou, de quelle école étiez-vous élève ?
*342 écoliers scolarisés à Combrit à la rentrée 2022.
Sources :
– Ouest France, L’histoire de l’école de Sainte-Marine qui fête son centenaire, publié le 05/05/2022, consultation du 21/11/22.
– Enquête sur les écoles (1903), réponse de la paroisse de Combrit, Archives diocésaines de Quimper et Léon, 3J1/1.
– DE KERROS, Tugdual, Combrit à l’heure des inventaires, Ergué-Gaberic, APF Imprimerie.
– Le Radical, « Les congrégations », 26 septembre 1902, sur Gallica.fr.
– Sites de la commune de Combrit et Wikipédia.
Cette guerre école publique/école privée continue ! Pourtant, elles ont chacune la même mission : instruire nos enfants !
Très bel article !
La guerre continue, c’est vrai, mais moins violemment. Il faut bien que chacun « défende son beefsteak » ou son bout de gras (maigre) 😂
Moins violemment ? Je ne trouve pas, je suis engagé dans l’école privée et je me prends des remarques sur les réseaux sociaux que je trouve très violent 😭 alors que moi, je défends le choix des parents !