Eh oui, j’ai rejoint UPro-G ! Quoi de plus normal que de relever un défi de l’association !
Pour le mois d’octobre, le sujet est un bâtiment qui a changé de destination. La difficulté est celle du choix. Entre les églises, les hôpitaux, les usines, et tant d’autres, j’ai décidé de m’intéresser aux gares. Direction la capitale de mon Pays Bigouden d’adoption.
À Pont-l’Abbé, il n’y avait pas une, mais trois gares et elles ont toutes changé de destination.
Inaugurée en 1884, la gare de voyageurs a rapidement pris le relais des véhicules à cheval. Quelques années plus tôt, peintres et écrivains avaient pris l’habitude de venir en touristes sur la côte. Depuis Quimper, la ligne de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans a facilité leur trajet. Dix-huit kilomètres pour gagner Pont-l’Abbé, une voiture publique pour Loctudy, et pourquoi pas, avec le bac, pousser jusqu’à l’Ile-Tudy. Pour ceux, qui préféraient Bénodet, descente à la gare de Tréméoc, et vive les « bains de mer, plage de sable encadrée de rochers, jolis costumes » et « excursion à Sainte-Marine ».
Mais l’activité ferroviaire de Pont-l’Abbé ne se limitait pas au transport des personnes. Autour de la station, le quartier s’est développé. Maisons et entreprises s’installent très vite.
1890, la halle à marée prend place et en 1904, l’État décide de prolonger la ligne, jusqu’à Saint-Guénolé, pour favoriser l’exportation des produits de la mer. Cette portion, surnommée le train « birinik », ouvre en 1907. Il y a foule pour prendre ce moyen de transport et pas seulement pour les fruits de la pêche. Le jeudi, jour de marché à Pont-l’Abbé, les voyageurs se bousculent et il n’est pas rare que dès Saint-Guénolé, les places viennent à manquer.
C’est ensuite le train « carottes », qui est lancé en 1912. Comme son nom l’indique, dans cette région de maraîchage, cette branche servait au transport de légumes, entre Pont-l’Abbé et Audierne.
Succès foudroyant, mais de courte durée, la voie ferrée est rapidement concurrencée par la route.
Le train « carottes » s’arrête en 1939, puis c’est l’enchaînement fatal : 1947, fin du transport voyageurs entre Saint-Guénolé et Pont-l’Abbé ; 1963, dernier voyage du Transbigouden. Les hangars à marchandises disparaissent en 1964 et, le 26 janvier 1988, le dernier train quitte définitivement Pont-l’Abbé.
La reconversion est ouverte pour la gare et la halle à marée.
Le bâtiment des voyageurs devient Maison des associations. Quant à la halle à marée, elle est d’abord occupée par un pôle auto avant sa transformation en cinéma en 2019.
Sources :
– AD29 14 Fi 659-662, Les châtaigniers de Kerzeoc’h, 1930-1940, photographies.
– AD29 3 E 51/8 Combrit, sépultures, 1779-1792.
– BOUET, Alexandre, Galerie Bretonne ou vie des Bretons de l’Armorique, Tome 3, Paris, Isidore Pezron Libraire-Éditeur, 1838.
– JÉZÉGOU, Mickaël, Arbres remarquables du Finistère, Locus Solus, Nature Patrimoine, 2019.
– SUARÈS, André, Le livre de l’émeraude : en Bretagne, Paris, Calmann-Lévy sans date, vers 1900.
– TORCHET, Hervé, Combrit, Sainte-Marine, l’Ile-Tudy et Lambour au Moyen Age, Paris, La Perenne, 2013.
– TORCHET, Hervé, Combrit, Sainte-Marine, l’Ile-Tudy et Lambour de 1500 à 1600, Paris, La Perenne, 2015.
– Réformations de la noblesse de Bretagne, consultable en ligne sur Gallica, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9062166p/f222.item.zoom
– www.fr.brezhoneg.bzh/40-kerofis.htm
KerOfis, Base de données du service Patrimoine linguistique et signalisation de l’Office public de la langue bretonne, consultation du 25/11/2023.
– Centre Généalogique du Finistère, Bibliothèque numérique, Relevés des archives du Finistère 18 B 410, juridiction de la Baronnie du Pont, tutelles.