Déjà le troisième samedi du mois et le retour du #RDVAncestral. Je ne sais pas qui rencontrer. C’est la première fois que cela m’arrive.
Pouh, j’ai un peu la flemme… Manque d’idée et pourtant j’aime beaucoup ces voyages temporels.
Pourquoi ne pas laisser place au hasard.
Je sors du placard…
Ah non, pas encore ma quantiquette. La trottinette à me déplacer dans le temps, ce sera pour plus tard.
Je sors du placard mon vieux jeu de loto.
Je vais être un peu limitée pour ce voyage, mais ce n’est pas plus mal avec cette chaleur écrasante, je n’ai pas envie d’aller trop loin.
Au plus je rendrai visite à un ancêtre de la 7ème génération, mon sosa 90, Charles Nicolas Pierre MARCHAND, branche CINET, côté LEGRAND.
Le jeu de loto ne compte que 90 pièces, dommage il faudrait pouvoir parcourir la 7ème génération au complet.
Revenons à nos moutons !
Je plonge la main dans le sac de toile bise du jeu. Je la retire : numéro 82.
Tiens, je ne suis pas très loin de la famille MARCHAND !
Mon logiciel me renseigne rapidement : Sosa 82, Nicolas Joseph PREION (1768-1833).
Quelle coïncidence ! L’article précédent m’avait conduit en Belgique sur une étape du Tour de France, j’y retourne. Franchimont il y a cinq jours et aujourd’hui Villers-Le-Gambon. Moins de deux kilomètres !
Je vais poursuivre le tirage pour préciser ma destination : 14, 7, 21.
14 juillet 21. Pas 2021, évidemment, si je veux rencontrer Nicolas Joseph PREION, mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père, il me faut aller au XIXème siècle. Inutile de tirer le 18.
Préparation de la quantiquette, réglage du GPSQ sur le 14 juillet 1821. Ouh là là ! Pourvu que cette chaleur n’altère pas l’électronique. Contact, c’est partiiii…
Suivant mon habitude, je vais aller cacher mon engin derrière l’église.
Hum ! Il s’agit plutôt d’une chapelle. Je pénètre à l’intérieur. Elle est dédiée à Saint-Roch.
Un homme prie à l’intérieur. Je sors discrètement, je vais l’attendre.
Le temps est doux, une bonne indication, je suis bien en été.
Quelques instants et l’homme sort de la chapelle. Je l’interpelle :
« Bonjour Monsieur, pouvez-vous me renseigner ? Je cherche Nicolas PREION. »
« C’est moi-même. »
Je me présente rapidement, lui explique que je voudrais échanger avec lui au sujet de sa famille.
Il n’a pas l’air étonné et m’invite à le suivre :
« Ma famille… »
« Vous savez, aujourd’hui est un jour particulier. »
« Je marie mon fils François Joseph. »
Je n’ai pas le temps de lui dire que je le trouve un peu mélancolique pour un jour de mariage, il enchaîne :
« Oui, je marie mon fils mais je ne peux pas assister à ses noces. »
« Voilà trois ans déjà qu’il est en France, à Charleville*. Pas assez de travail ici, alors il a dû partir. »
« Il s’est établi là-bas comme ouvrier marbrier et aujourd’hui, samedi 14 juillet 1821, il épouse une fille du pays. Adélaïde MOUTARDE, qu’elle s’appelle. Son père est armurier. »
Je cache le sourire qui me vient aux lèvres : MOUTARDE, cela pourrait être la fille d’un colonel.
Allons, un peu de sérieux, on est loin des romans d’Agatha Christie et du jeu du Cluedo !
Nicolas Joseph ne s’est aperçu de rien et m’invite :
« Suivez-moi, on va prendre un verre pour fêter ça ! »
Il m’entraine jusqu’à sa demeure. Il y a là une jeune femme, qu’il hèle :
« Isabelle, sert nous donc à boire ! »
En 1821, mon AAA-grand-mère a dix-neuf ans. Bizarre, elle est bien plus jeune que moi.
Il lui reste une quinzaine d’années avant d’épouser Hubert CINET (1809-1884).
Pourquoi s’est-elle mariée si tardivement ? Ce n’est pas le moment de poser la question. Elle serait bien embarrassée pour y répondre.
Pour l’heure, elle apporte les verres et nous sert une boisson bien rafraichissante.
Une bière Saison peut-être ? Du style de ces bières belges en tout cas, brassées l’hiver, dans le Hainaut, pour désaltérer les ouvriers pendant l’été suivant.
Mon aïeul reprend :
« En février dernier j’suis allé chez le notaire à Philippeville. J’ai donné mon consentement au mariage de mon fils. Car voilà, impossible d’y aller, même si ce n’est qu’à septante kilomètres. »
Comprenant les regrets que ressent Nicolas Joseph, j’essaie de dévier la conversation :
« Votre fils est ouvrier marbrier, mais vous-même vous ne travaillez pas la pierre ? »
« Si, si, je suis facteur en marbres »
Facteur en marbres ? De quoi s’agit-il ? Il faudra que je cherche en rentrant, car mon hôte suit le cours de ses pensées.
« Impossible de vous dire quand nous nous sommes mariés Marie Joseph et moi. »
« Va falloir que vous attendiez qu’elle rentre. Je suis un peu fâché avec les dates. »
J’en profite pour discuter un peu de l’ascendance de mon AAAA-grand-mère, Marie Joseph WAUTHIER (1769-1846). Mais effectivement mon aïeul n’y connaît pas grand-chose.
Alors c’est moi qui lui explique ce que m’a appris mon cousin belge, Philippe.
Je me réjouis tellement de ce que je sais depuis quelques jours, que mon hôte et sa fille n’osent pas m’interrompre.
Je leur explique tout à trac, que Philippe a réussi à remonter notre ascendance jusqu’à la fin du XVIème siècle, jusqu’au couple Jean WAUTHY et Catherine MARCHAND.
Comme j’ai gardé dans ma poche un message de mon cousin, je leur en lis une partie. Philippe a retrouvé un acte d’échevinage « qui laisse entendre que les ancêtres sur plusieurs générations de ces ancêtres les plus lointains étaient des censiers de la cense de La Valette, Delvalette… Cette ferme fortifiée énorme existe toujours à Saint Aubin (proche de Florennes et donc de Franchimont et Villers-le-Gambon). Le propriétaire de la cense et de bien d’autres qui existent encore dans la région était l’abbaye de Florennes faisant partie de la principauté de Liège. Cette abbaye a été détruite à la révolution mais il reste quelques vestiges. » Ces ancêtres « auraient fourni un chêne pour la construction de l’arbre du moulin de Franchimont. »
Les yeux de mes interlocuteurs sont à la fois écarquillés et dubitatifs. Quand je commence à leur expliquer que j’ai un autre cousin, qui descend du couple Jean WAUTHY-Catherine MARCHAND, que celui-ci est connu comme gagnant du Tour de France en 1919 et 1922, ils pensent définitivement avoir affaire à une folle.
Pourtant c’est vrai, c’est aussi Philippe qui me l’a appris. Ce cousin était Firmin LAMBOT (1886-1964).
Je sens bien qu’il est temps de prendre congé. Je remercie à la hâte Nicolas Joseph PREION de son accueil, bredouille que la bière est excellente mais que j’en ai peut-être un peu trop bu.
Je prétexte un rendez-vous urgent dans mon XXIème siècle et sors rapidement.
Je retrouve ma quantiquette derrière la chapelle Saint-Roch, l’enfourche. Contact…
Misère ! Me voici complètement grillée pour cette branche de ma généalogie !
*Charleville et Mézières ont été réunies pendant la Première Guerre Mondiale, puis en 1965 pour fonder Charleville-Mézières (Ardennes).
Sources :
Sur le loto, la bière saison, Wikipédia.
Site Villages en Val d’Hermeton, Villers-Le-Gambon.
Firmin Lambot, Geneastar et Wikipédia.
Sur l’ascendance Wauthier, je dois l’ensemble de mes sources de mon cousin Philippe Wauthier, que je remercie chaleureusement de la confiance qu’il m’accorde.
Il pense pouvoir encore progresser pour nos ancêtres communs les plus lointains et est particulièrement intéressé par tout avis de lecteur de ce blog, qui pourrait permettre un avancement de ses recherches.
N’hésitez pas à mettre un commentaire ou à m’envoyer un message, je vous mettrai en relation.
Pour retrouver quelques descendances de Wauthier, vous pouvez vous reporter à mon arbre en ligne sur Geneanet.
A consommer avec prudence, j’ai bien l’impression qu’il y a quelques erreurs sur la descendance WAUTHY-MARCHAND.
Merci de citer vos sources pour toute réutilisation.
Espérons qu’un plus ou moins lointain cousin lise cet article et partage ses données pour faire progresser les recherches.
C’est ce que Philippe et moi souhaitons, mais les congés d’été ne sont pas propices à la généalogie. Patience donc 😉
Sympathique rencontre
belle rencontre pour quelqu’un rencontré au hasard !
Très jolie rencontre