Semaine 28 – Une sculpture de jardin

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Le challenge photographique d’UPro-G ne me facilite pas la vie cette semaine. Une sculpture de jardin ! Que croient les généalogistes familiaux ? Pas de jardin formidable dans mes familles, ni de mon côté, ni même chez Monsieur. Alors pas d’œuvre d’art, à peine quelques moulages de terre cuite ou de plastique.

Oui, je le revendique, moi, j’aime bien ce kitsch de la pelouse, le nain de jardin.

Est-ce parce que le lien qu’il entretient avec ma grand-mère paternelle ? Andrée Cinet (1918-2008) n’aimait pas les voyages. Pourtant, elle a quitté Bailly-aux-Forges pendant quelques années et suivi son mari lors de sa carrière de gendarme. C’était d’abord pour l’Allemagne, juste après la Libération, alors que la France occupait le pays avec ses alliés. Mes grands-parents ont vécu en Forêt-Noire, à Freiburg im Breisgau notamment. Mémère disait Fribourg, car elle n’a jamais appris la langue. Quelques mots pour se débrouiller pour faire ses courses, c’est tout.

De son séjour en Allemagne, elle a rapporté quelques objets qu’elle a conservés toute sa vie : des tasses et soucoupes en porcelaine très fine, un coucou et des nains de jardin. L’un d’eux a eu une très longue vie haut-marnaise, à Bailly-aux-Forges. Il a tellement vécu qu’il en a perdu ses couleurs et que Mémère lui a donné une nouvelle jeunesse en le repeignant. Pantalon et bonnet rouille, assortis à la maison.

Quel dommage ! Je n’ai pas conservé de photo de la petite statue de terre cuite et j’ai eu bien du mal à trouver une image de cet autre membre de la tribu. Ce n’est que dans un coin de la photo des quatre-vingt-dix ans de Mémère que celui-ci a été immortalisé. Il faut dire, avec mes frères et sœurs, nous trouvions ça moche, les nains de jardins.

Collection personnelle LPM 2008

Et nous n’étions pas les seuls ! Tout un chacun oscille à leur sujet entre moquerie et tendresse.
Trop âgée pour faire partie du Front de libération des nains de jardins, je les laisse vivre en paix sans pour autant en installer chez moi. Quoique, si l’occasion se présentait, je cèderais peut-être à la mode. Elle remonte au XVe siècle, avec des hauts et des bas, mais toujours renouvelée, de Bavière à New York, en passant par la Bretagne. D’ailleurs, un des plus jeunes individus, que je connaisse, accueille aujourd’hui les visiteurs d’une pension canine des Côtes d’Armor.

Collection personnelle LPM 2024

Sources :
– KNAEBEL,Rachel, Sur les traces du Front de libération des nains de jardin, Réalisation TESTE, François, France Culture, 2021, Série « Nains de jardins, libérez-nous ! ».
– SCHNITZLER, Bernadette, « Une production originale à Soufflenheim (Bas-Rhin) : les nains de jardin en céramique », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, Tome XLVII, 2004, p. 169-174.
– STALLONI, Yves, « Le kitsch ou l’apothéose du mauvais goût », Bulletin de l’Académie du Var, tome XIII, 2012, p. 301-305.

2 commentaires

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