Rendez-vous à Blanquefort, visite à une institutrice très distinguée

Bientôt la fin du printemps ! Ce 18 juin 1884, il fait 20°C dans la salle de classe, un très bel après-midi. Mais aujourd’hui, ce n’est pas la météo qui m’occupe : je quitte Mademoiselle Lodoïska Duprat, institutrice à Blanquefort, et c’est un au revoir en forme d’adieu. Je perds sa trace professionnelle en Gironde. Où ira-t-elle ensuite ? Mystère. Pour l’heure, elle remplit avec rigueur l’enquête ministérielle sur les écoles publiques.

Une école flambant neuve

AN,F/17/*/2872, l’école de filles de Blanquefort
Dessin de Lodoïska Duprat, 1884

Blanquefort peut être fière de son école toute neuve ! Trois ans d’existence et des équipements bien pensés : une salle de classe, un préau pour les jours de pluie, une cour de récréation où résonnent les rires des élèves et, bien sûr, un logement avec jardin pour l’institutrice. Ici, tout est organisé avec soin : deux instituteurs s’occupent des cinquante-neuf garçons, Mademoiselle Faugères veille sur l’école maternelle, et Lodoïska enseigne aux trente-trois filles. À cette époque, l’idée qu’une femme puisse donner cours à des garçons est impensable.

Une institutrice discrète mais médaillée

Lodoïska Duprat ne fait pas grand cas de ses distinctions, pourtant prestigieuses. En 1877, à 36 ans, elle reçoit la médaille de bronze des mains de William Henri Waddington, ministre de l’Instruction Publique. Plus tard, Paul Bert lui attribue la médaille d’argent, un honneur qu’elle aurait pu recevoir de Jules Ferry si celui-ci n’avait quitté son poste quelques jours plus tôt. Et pourtant… aucune médaille en vue dans sa salle de classe. Une institutrice sur trois cents reçoit cet honneur, mais Mademoiselle Duprat semble préférer la discrétion aux projecteurs.

Un voyage temporel dans les pas de Lodoïska

Je contourne l’école et retrouve la quantiquette, mon fidèle engin temporel. Je l’avait mise à l’abri des regards, bien caché derrière les lieux d’aisance. Il est temps de repartir. Tandis que je règle le GPSQ, une pensée me traverse l’esprit : à quoi ressemble exactement cette fameuse médaille de l’enseignement primaire ? Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on croise une institutrice si distinguée…

Sources :
– Archives Nationales, Ministère de l’Instruction publique, enquête sur la situation des écoles, 1884, F/17/*/2872
– Retronews, La Petite Gironde, 4 avr. 1877, p. 3/4.
– Retronews, Manuel général de l’instruction primaire, 17 déc. 1881, p. 2/12.
– Site Numista

6 commentaires

  1. l’évocation de cette institutrice m’a permis de découvrir le ministre Waddington, au parcours singulier. Double bénéfice. Merci de m’avoir montée sur le porte-bagage de la quantiquette

Laisser un commentaire