À la découverte du tout premier annuaire des Côtes-du-Nord (1836)

À l’occasion du challenge photographique de l’UPro-G, HDNFamilles Généalogie vous propose une plongée originale dans les annuaires anciens des Côtes-du-Nord, à travers trois époques clés : 1836, 1882 et 1913. Ces documents, souvent méconnus, constituent pourtant de formidables ressources pour les chercheurs d’ancêtres comme pour les passionnés d’histoire locale.
Chaque article explore non seulement le contenu de l’annuaire, mais aussi ce qu’il révèle sur la société de son temps : évolution des métiers, développement économique, diffusion des innovations…
Une manière vivante et concrète d’observer comment l’administration, les professionnels et les familles ont traversé un siècle de mutations.

L’année 1836 marque une étape fondatrice dans la documentation administrative et économique des Côtes-du-Nord (aujourd’hui Côtes-d’Armor), avec la parution du tout premier annuaire du département. Véritable photographie sociale et professionnelle de son temps, ce document rare nous offre un regard précieux sur la structure de la société bretonne au début du XIXe siècle. Pour nous, généalogistes, il constitue une source incontournable, aussi riche que passionnante.

Un outil d’administration… et de mémoire

Ce premier annuaire a avant tout été conçu pour répondre aux besoins de l’administration. Il dresse une carte institutionnelle du département, avec une précision toute bureaucratique : préfet, sous-préfets, juges de paix, officiers de gendarmerie, percepteurs, instituteurs, curés, tous sont nommés et localisés. En 1836, la Révolution et l’Empire ont laissé une forte empreinte sur l’organisation des services publics, encore très centralisés. L’annuaire s’emploie donc à fixer, noir sur blanc, l’organisation de l’État à l’échelle locale.

Mais cet annuaire ne se limite pas à l’administration. Il consigne également les noms des notables et des acteurs de la vie économique. Banquiers, avocats, médecins, pharmaciens, mais aussi propriétaires fonciers, industriels et négociants y figurent. On y entrevoit un monde encore largement rural, où les élites locales tiennent souvent plusieurs rôles : maire, juge de paix, et parfois même chef d’entreprise.

Carte des côtes-du-Nord
Extrait de l’annuaire de 1836 AD 22 HP 21

Une photographie sociale en début de révolution industrielle

À la lecture attentive de l’annuaire de 1836, on ressent encore le poids de l’Ancien Régime : les titres de noblesse sont souvent mentionnés, les professions libérales dominent, et l’artisanat apparaît surtout sous forme individuelle (forgerons, charrons, tailleurs, boulangers…).

Toutefois, certains signes de mutation apparaissent. Des « fabricants » s’installent dans les villes comme Saint-Brieuc, Guingamp ou Lannion. Le commerce maritime reste central dans les ports de Paimpol ou Binic, où les armateurs figurent en bonne place. On repère aussi les prémices d’une classe bourgeoise qui va bientôt jouer un rôle clé dans le développement économique local.

Une mine d’or pour les généalogistes

Pour les chercheurs d’ancêtres, cet annuaire offre plusieurs pistes précieuses :

  • Identification des professions de nos aïeux, souvent difficile à établir autrement pour cette période.
  • Localisation précise des familles dans leur contexte social et géographique.
  • Étude des réseaux de notables : familles récurrentes dans les fonctions municipales ou administratives.
  • Comparaison dans le temps, en confrontant ces données à celles d’annuaires ultérieurs.

Le format même de l’annuaire – organisé par arrondissement, puis par commune – permet de retracer les liens locaux et les interactions professionnelles, sociales et familiales.

Une invitation à l’exploration

Travailler avec un annuaire de 1836, c’est faire un voyage dans le temps. Chaque nom, chaque profession, chaque adresse nous ancre dans une réalité historique concrète. Ces documents sont précieux non seulement pour retrouver un ancêtre, mais aussi pour comprendre le monde dans lequel il vivait.

C’est aussi l’occasion de s’interroger : quelles sont les professions qui dominaient alors ? Quels étaient les centres de pouvoir ? Quelles villes rayonnaient sur leur territoire ? En reconstituant cette trame, nous enrichissons nos généalogies d’une profondeur historique et humaine.


🗓️ Demain, dans le deuxième article de cette série, nous plongerons dans l’univers bien plus foisonnant de l’Annuaire-almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration de 1882. Le XIXe siècle bat alors son plein, et la France entre de plain-pied dans la modernité industrielle.

Laisser un commentaire