Rendez-vous citoyen

En avril ne te découvre pas d’un fil. J’espère qu’en mai, je pourrai faire ce qui me plait.
Ce mois-ci Geneatech a lancé son nouveau #Généathème et il me convient bien : Vos ancêtres et les élections.

Des élus chez nos ancêtres, sans réfléchir, j’en trouve déjà quatre.
Le plus ancien, c’est Pierre PERRIN (1760-1816).
Pendant la Révolution, il a été désigné par le Conseil Général de la Commune de Trémilly, dont il était membre, pour « recevoir les actes de naissances, mariages et décès conformément à la loi du 20 septembre 1792.
Je vous l’avais présenté lorsque j’ai écrit ma minisérie sur l’épidémie de choléra de 1832.
Je vous ai dit aussi que, sur les branches de Monsieur, Pierre MARZIN avait été sénateur-maire de Lannion (Côtes-d’Armor).
Et puis deux frères PORTE ont été élus : Maurice PORTE, maire de Vaux-sur-Blaise (Haute-Marne) et mon grand-père paternel, Marius PORTE, conseiller municipal puis adjoint à Bailly-Aux-Forges (Haute-Marne).

Mais voilà, j’ai pour habitude de faire mes recherches généalogiques sur Internet, parce que je suis à huit cents kilomètres de la Haute-Marne et à une heure et demie de route de Lannion. Et quand je cherche des informations précises sur les élus de nos branches, Nada ou presque.
En avril, impossible de me rendre aux archives de Lannion, et encore moins aux archives départementales de la Haute-Marne.
Même pas sûr qu’en mai je puisse faire ce qui me plaît !

Allez, allez, ni une, ni deux, il n’y a plus qu’une solution, sortir ma quantiquette de son sac.
Et top départ pour les années 70 ! Je verrai bien qui je vais rencontrer de Marius, Maurice ou Pierre.

J’ai rapidement enfilé ma combinaison de motard et saisi mon casque à la hâte. Mini-réglage du GPSQ. Vroum !
Me voici déjà arrivée… devant l’église de Bailly-Aux-Forges.
Mince, qu’est-ce-que je fais là ?
L’église est proche de la mairie et je sais que les GPS sont imprécis.
Mais tout de même, je suis à plus des trois à cinq mètres notés sur le mode d’emploi !

Oula ! J’aperçois quelqu’un qui sort de l’église. C’est Pépère !
Pas le temps de composer un personnage, je vais vite entrer dans le vif du sujet.

« Bonjour Monsieur, pourriez-vous me donner l’heure, s’il vous plaît ? »

« On peut dire que vous tombez à pic. »
« Je viens de changer l’heure à l’horloge de l’église. »
« Je n’allais pas venir à deux heures ce matin, mais il ne faut tout de même pas traîner. »
« Il est huit heures, nouvelle heure, sept heures d’hier. »
« Avec le choc pétrolier, pour réaliser des économies d’énergie, le gouvernement a décidé qu’il y aurait une heure d’été et une heure d’hiver. »
« Ça commence aujourd’hui, le dimanche 28 mars 1976. »

« Quelle affaire ! J’ai vu ça à la télé. Comme ils disent, en France on n’a pas de pétrole mais on a des idées ».

Réalisé avec Canva avec des illustrations de Poissons52.fr et Wikipédia.

Mon grand-père reprend :
« On va voir ce que ça donne pour la chasse au gaspi. Avancer d’une heure en été, reculer d’une heure l’hiver. Ça a déjà été fait pendant la première guerre, mais j’étais très jeune, je ne m’en souviens pas. »
« Je suis conseiller municipal, alors je me suis proposé pour changer l’heure à l’horloge de l’église. J’habite à trois cents mètres ».

Je réponds du tac au tac :
« Bah, ce sera plus simple quand ce sera automatisé, car ça va durer cette affaire. »

« Non, je ne pense pas », répond mon grand-père.
« C’est le temps d’amortir la crise pétrolière. »

Il poursuit interrogatif :
« Qui êtes-vous jeune femme ? »
« Je vous trouve un air de famille avec les PORTE, avec mon fils précisément. »
« Moi, je suis Marius PORTE. »

Aie, aie, aie ! Comment lui dire que je suis sa petite fille, débarquée du XXIème siècle, alors qu’il me connaît comme une jeune ado ?
Comment lui dire qu’il sera réélu un an plus tard au conseil municipal de Bailly-Aux-Forges, toujours avec Monsieur DALLEMAGNE en tête de liste et que cette fois il sera adjoint au maire ?
Comment lui dire qu’il nous quittera dans dix ans, terrassé par une maladie dont on ne connaîtra pas le nom ?

Ma gorge se serre, mais ce n’est pas le moment, il faut répondre.
Alors je me surprends moi-même de ce que je lui dis :
« Vous trouvez que je ressemble à votre fils ? Étonnant, quelle coïncidence… »
« Je suis Annabelle LUCARNE, de passage dans la région. »

« Vous avez là une drôle de trottinette, Annabelle ! »
« Excusez-moi, j’ai encore à faire, je dois aller au château d’eau. »
« La nappe se tarit et nous sommes régulièrement obligés de couper l’eau à Bailly pour maintenir l’approvisionnement, en attendant de réaliser des travaux et résoudre le problème de façon définitive ».
« Ensuite nous avons les enfants qui viennent déjeuner un dimanche sur deux. Ma femme et moi, on va chez eux en alternance. »
« Bonne journée et bon dimanche ».

Pépère s’éloigne de la marche lente que je lui connais bien.
Pensive, je le suis des yeux quelques instants.

Mémère va bientôt préparer le repas, une coquille de poisson en entrée à moins que ce ne soit des bouchées à la reine, un rôti ensuite qu’elle découpera au couteau électrique…

Je remets mon casque, appuie sur le bouton de démarrage de ma quantiquette. Il est temps de retourner au XXIème siècle.
J’ai oublié de lui demander combien de voix il avait eues aux élections municipales.
Il faudra vraiment qu’un jour je me rende à Bailly-Aux-Forges, ou à Chaumont, pour consulter les archives.

Annabelle LUCARNE dessinée par MB en exclusivité pour HDNFamilles

Passage à l’heure d’été : l’heure légale est avancée d’une heure

Sources :
Heure d’été, Wikipédia.
Passage à l’heure d’été : cinq questions sur le changement d’heure saisonnier, Vie publique.fr.

0 commentaire

  1. ah, les coquilles de poisson et les bouchées à la reine! 😀 C’est drôle comme ce genre de détails renvoie en effet tout de suite à une époque précise 🙂 Merci pour cette petite madeleine…

Laisser un commentaire