Ce mois-ci, pas de sortie en quantiquette pour le #RDVAncestral ! Flûte !
Mais il faut bien faire réviser la machine…
C’est toujours pareil, la France est à l’arrêt chaque mois d’août. Impossible de récupérer ma quantiquette à temps pour ce troisième samedi du mois. Le garage est fermé pour cause de congé annuel !
Qu’à cela ne tienne, je ne vais pas pour autant nous priver de rendez-vous !
Si nous ne pouvons pas aller à un rendez-vous, c’est le rendez-vous qui vient à nous.
Je vais vous raconter ce qui m’est arrivé il y a quelques semaines.
Entre deux articles tristounets au sujet d’une autre épidémie. Nous l’avons bien mérité !
Je surfais sur un site bien connu de cartes postales anciennes, quand, au détour d’une recherche d’illustration pour quelque article, je suis littéralement tombée sur cette carte :
Je suis d’accord avec vous, elle n’est pas formidable. Vaguement colorisée, pas très ancienne, il s’agit d’une prise de vue aérienne.
Oui, tout ça est un peu décevant, mais…
C’est une carte postale de Bailly-aux-Forges, et ça, ça change tout !
Ça change tout parce que des cartes postales de Bailly-aux-Forges, il n’y en a pas beaucoup. Et celles sur lesquelles on peut voir la maison de ma grand-mère sont encore moins nombreuses. Pour tout dire je n’en connais pas d’autres.
Alors je m’arme de la loupe qu’offre le site pour regarder les détails.
En haut à droite, le clocher de l’église Saint-Léger et le cimetière, juste en dessous, en grande partie hors du cadre. Une grange en bois, un peu plus bas, et une maison d’habitation.
C’est difficile à voir sur la carte, mais les maisons champenoises de ce secteur sont faites de torchis et recouvertes de tavillons. On le distingue un peu mieux sur la maison qui se situe au centre de la carte, de l’autre côté de la rue qui monte vers l’église. Vous voyez ? Celle qui a deux fenêtres qui donnent sur le carrefour.
Les maisons juste au-dessus n’ont pas de tavillons sur leur façade. Les poutres et le torchis sont apparents.
Traversons la rue à présent. Oui, vers la rangée d’arbres. Je ne sais plus de quelle essence ils étaient. Existent-ils toujours ? C’est là qu’avaient lieu les fêtes du village. Jeux de quilles, ou chamboule tout pour le 14 juillet, pêche aux canards pour les enfants.
Ce petit morceau de place servait aussi de cour d’école, car cette grande bâtisse en pierre, c’est la mairie-école, avec son perron, son préau, plus en avant.
Et puis tout au bout, la petite pointe, c’est le lavoir.
Ma grand-mère, un peu sauvage, n’y allait pas. Elle n’a pourtant jamais eu de machine à laver. Lessiveuse pour mettre les draps à bouillir et ancien évier de la maison pour brosser le linge. L’évier, une grande pierre placée dans la montée du grenier.
Vous vous demandez où est la maison de ma grand-mère ? Montez la loupe au droit du côté gauche de la carte. Vous ne pouvez pas vous tromper, c’est la maison qui se situe le plus haut sur la photo. Tiers supérieur, la sorte de cube à la façade blanche.
Avant d’appartenir à ma grand-mère, Andrée Emilienne Aglaé CINET (1918-2008), la maison était celle de son grand-père maternel Firmin Ladislas LEGRAND.
Cela ne se voit pas du tout sur la carte, mais le torchis est entièrement recouvert de tavillons. Ils forment un décor géométrique, un losange au centre.
Mon grand-père, Marius PORTE (1915-1986) avait peint ou avait fait peindre cette façade en crème et terre de sienne. Cela mettait les motifs en valeur.
Tiens Pépère ne devait pas encore avoir acheté le champ en face de la maison. Pas de garage sur la carte pour ranger la Dauphine et la mobylette bleu-gris.
Et puis de l’autre côté de la rue, en bas du champ et derrière la mairie-école, la maison de la Zazanne. Cette vieille dame avait des chats. Évidemment des portées de chatons naissaient chez elle. Elle ne savait pas distinguer les mâles des femelles, alors elle les amenait à Mémère pour qu’elle puisse lui dire le sexe des petits.
Revenons à la maison de ma grand-mère. Celle immédiatement au-dessus était habitée par les BRIC. Un cran encore et voici le café-épicerie de la mère TISSU. Puis la ferme des JACQUOT, avec son habitation moderne. Mme JACQUOT avait des poussins qu’elle mettait en couveuse. Ça piaillait fort.
En vacances à Bailly, nous allions chercher le lait à la ferme des JACQUOT. Une fois, avec mon frère, nous faisions tellement les fous, qu’un coup de pied dans le pot a fait sauter le couvercle et qu’une partie du lait s’est renversée.
Et puis la dernière maison, avant le bosquet, c’est celle de Madame JACQUET. Une brave femme qui élevait des jeunes de l’assistance publique.
Voilà nous avons parcouru une bonne partie de Bailly-aux-Forges. On distingue encore quelques toitures tout en haut à gauche. Les maisons s’étendent de ce côté vers les routes de Wassy, Sommevoire et Laneuville-à-Rémy.
En bas à gauche on rejoint Mertrud et à droite, en passant le long de l’église, direction Vaux-sur-Blaise.
Il est temps de vous montrer le verso de cette carte postale. Et là elle prend encore de la valeur. A mes yeux en tout cas !
Confirmation, il s’agit bien d’une vue aérienne de Bailly. Vingt centimes pour l’envoi, les prix de la poste ont bien changé en cinquante-sept ans !
Eh oui ! La carte a été envoyée en septembre 1964.
Mais c’est très étonnant, elle a été envoyée à Palaiseau ! Qui plus est au « 1 bis rue Danton ».
Je vous explique :
Ma grand-mère avait un frère ainé, Henri CINET (1911-2004). Nous l’appelions affectueusement Pépère Henri.
Chaque année ou presque, il rendait visite à mes grands-parents à Bailly-aux-Forges, accompagné de sa femme Pierrette FRANCOIS (1917-2004) et de ses enfants Christine et François. Ils résidaient à Palaiseau (Essonne).
Vous avez bien compris, cette carte postale, c’est Henri CINET qui l’a écrite et envoyée à ses voisins de Palaiseau.
Alors évidemment, je l’ai achetée sur ce site Internet et ajoutée à ma petite collection.
Bel article. Beaux souvenirs..et sur Google Earth ça donne quoi aujourd’hui..je suis curieuse..je vais aller voir
Merci Michelle pour cette idée de vous montrer ce que cela donne aujourd’hui. J’ajoute un petit article de suite.
C’est presque incroyable ! Cette malheureuse carte postale va faire des envieux.
Je souhaite à toutes et tous de si jolis hasards
Belle manière de décrypter une carte postale miraculeusement dénichée
Merci du compliment
Une belle découverte! Sympathiquement contée la vie tranquille de Bailly-aux-Forges! Je trouve que cette trouvaille « miraculeuse » ressemble à un clin d’oeil de tes ancêtres, toujours la même question « hasard or not hasard » ? Ton travail ouvre des portes très intéressantes!
Super, tu as donc réussi à acheter cette carte ! bravo pour la description de la vue aérienne. Je confirme pour l’anecdote du pot au lait.
Une petite faute de frappe : Andrée est née en 1918 et non pas en 1818 !
Oups, merci Fred, je corrige de suite la date.