Rendez-vous à Valence

Cette année, j’ai résolu de passer mon tour pour le challenge AZ. Avec la création de l’étude, cela me semblait plus raisonnable. Pourtant, j’ai trouvé le thème depuis deux ans. Une rengaine entêtante, lancinante.
Pour le DU, déjà, j’avais reporté mon sujet et décidé de rester avec les Jezequelou de Combrit.

Nouveau report cette année, mais pas d’annulation : j’ai très envie de travailler sur ce thème. Et aujourd’hui, galop d’essai ! Un petit tour de généalogie en chanson !

La lettre du jour du #ChallengeAZ n’est ni C, ni T, ni N. Tant pis. Depuis quelques jours, je fredonne un cet air joyeux : Nationale 7. Ma quantiquette en frétille d’impatience.
Vroum, vroum ! Nous voici parties sur la route des vacances.

Qui traverse la Bourgogne et la Provence
Qui fait d’ Paris un p’tit faubourg d’Valence

Nationale 7, paroles et musique de Charles Trenet

Valence, j’ai l’impression que nous sommes arrivées au lieu de notre rendez-vous. La quantiquette ralentit, puis s’arrête. Le GPSQ indique que je suis à l’intersection des avenues Sadi Carnot et Félix Faure. Appellations 2023, évidemment.
Pile sur le tracé de la Nationale 7. Je range mon engin dans son sac.

Trois hommes en vêtements de travail s’apprêtent à traverser la rue. Je les interpelle :
« Bonjour messieurs, pourriez-vous m’indiquer où se trouve l’hôtel de ville, s’il vous plait ?
– Vous avez de la chance, nous y allons. Je dois déclarer la naissance de ma fille Louise Marguerite. Elle est née hier, le 3 août 1844. »

Le jeune homme est tout à la fois réjoui et stressé. Le groupe hâte le pas. Je les suis avec peine.

« Vous comprenez, c’est mon premier enfant. Avec Victoire, ma femme, on attendait ça depuis deux ans. »

Le souffle court, je suis incapable de répondre. Cela ne trouble pas mon interlocuteur, il poursuit.
Je comprends que j’ai affaire à Maurice Collin (1815-1886), l’arrière-grand-père de mon grand-père maternel. Vous savez, le petit garçon qui écrivait une carte à son père, le 24 décembre 1916.

Né à Bussières-Les-Belmont, en Haute-Marne, Maurice a épousé Marguerite Victoire Charles (1823-1899). Il était menuisier, il est possible qu’il ait effectué un tour de France. Il s’est marié à Bourg-Lès-Valence, ville d’origine de la jeune femme.
Avant les noces, Victoire vivait chez ses parents, cultivateurs sur le domaine de Bougnols.

Maurice est décidément très excité par la naissance de son premier enfant.
Il me parle de toute sa belle-famille :
« Pour nos épousailles, mes parents n’ont pas fait le déplacement. Mais du côté de Victoire, il y avait foule. Faut dire qu’ils vivent tous dans le même hameau de Bougnols. Quatre familles Charles. Celle de François, celle de Louis, et puis encore Joseph, sans oublier mon beau-père, Pierre, ma belle-mère, Marguerite et mes trois beaux-frères et ma belle-sœur. »

Nous arrivons à la mairie de Valence. Le plus âgé des compagnons de Maurice prend la parole :
« Il est bientôt neuf heures, il est temps de la déclarer cette petite. Qu’est-ce t’en dis Hyppolite ?
– Pour sûr ! Derrière faut aller reprendre le boulot. Le patron va pas nous payer à rien faire ! »

Maurice m’explique qu’ils sont tous trois menuisiers. On se salue, ils entrent à l’hôtel de ville, je leur dit que je pousse jusqu’au temple. Maurice s’exclame :
« C’est là que j’habite, la rue du Temple, la maison Tarel ! »

Les autres l’entraînent à l’intérieur. Pas le temps de lui demander des détails sur son arrivée à Valence, depuis sa Haute-Marne natale.

Je sors la quantiquette de son sac.
Il faudra le revoir un jour, savoir comment il est retourné dans sa région d’origine. Pour l’instant, démarrage et retour en 2023.

Sources :
– AD29 14 Fi 659-662, Les châtaigniers de Kerzeoc’h, 1930-1940, photographies.
– AD29 3 E 51/8 Combrit, sépultures, 1779-1792.
– BOUET, Alexandre, Galerie Bretonne ou vie des Bretons de l’Armorique, Tome 3, Paris, Isidore Pezron Libraire-Éditeur, 1838.
– JÉZÉGOU, Mickaël, Arbres remarquables du Finistère, Locus Solus, Nature Patrimoine, 2019.
– SUARÈS, André, Le livre de l’émeraude : en Bretagne, Paris, Calmann-Lévy sans date, vers 1900.
– TORCHET, Hervé, Combrit, Sainte-Marine, l’Ile-Tudy et Lambour au Moyen Age, Paris, La Perenne, 2013.
– TORCHET, Hervé, Combrit, Sainte-Marine, l’Ile-Tudy et Lambour de 1500 à 1600, Paris, La Perenne, 2015.
– Réformations de la noblesse de Bretagne, consultable en ligne sur Gallica, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9062166p/f222.item.zoom
www.fr.brezhoneg.bzh/40-kerofis.htm
KerOfis, Base de données du service Patrimoine linguistique et signalisation de l’Office public de la langue bretonne, consultation du 25/11/2023.
– Centre Généalogique du Finistère, Bibliothèque numérique, Relevés des archives du Finistère 18 B 410, juridiction de la Baronnie du Pont, tutelles.

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