Ce matin j’ai bien envie de répondre à l’invitation du groupe Facebook « de la généalogie à l’écriture », de vous parler #AnimalAncestral, le sujet de ce 4ème trimestre 2021.
Mon tigré de treize ans s’est installé sur mes genoux, pour se faire câliner un peu. Le ronron est en route. On sait bien tous les deux que ça ne va pas durer. Doudou prend trop de place, il va vouloir s’installer sur mon bras, ou pianoter sur le clavier. Bref, je vais devoir ouvrir les bras. Lui, pour éviter de s’énerver, et de me mordiller, préfèrera la fuite.
As-tu compris l’importance du sujet d’aujourd’hui, mon gros Doudou ? Il est bien sage ce matin.
Essayons comme cela alors, même si la queue bat un peu l’air, premier signe d’agacement.
Regardons ce dont on dispose en matière d’animaux.
Je me souviens d’une photo de Papa qui entre pile dans le sujet.
Il me semble que l’on y voit Papa, jeune garçon, avec ses grands parents et un petit chien.
J’ouvre le dossier « Images » de l’ordinateur, celui des photos de généalogie. Les images défilent, cartes postales du début du XXème siècle, mon arrière-grand-mère Amélie, mariage de mes grands-parents maternels…
Hum, est-ce-que je me serai trompée ? Est-ce-que je n’ai pas numérisé cette photo ?
Ah si, la voilà.
Le jeune garçon assis sur la clôture, c’est bien Papa, Jean-Marie, Alcide, Octave PORTE (1937-2002).
Il avait une dizaine d’années sur cette photo. En second et troisième prénom, il avait les prénoms de ses grands-pères, Alcide CINET et Octave PORTE.
A sa droite, son père Marius PORTE, le petit Sibeau de mon #RDVAncestral de mars dernier.
A sa gauche son grand-père maternel, Alcide CINET et de l’autre côté son épouse, Denise LEGRAND, mon arrière-grand-mère maternelle. C’est elle que son frère aîné a fait prénommer Denise.
Et au bas du cliché, le petit chien, c’est Pipo !
Oh évidemment, je ne l’ai pas connu ce petit chien ! Mais son nom nous est parvenu, tant il a marqué la famille.
Mais que ce passe-t-il ? Il bouge, je vois le bout de queue s’agiter joyeusement.
Ah, mais il va sauter !
« Ouah, ouah ! » Pipo me fait la fête. Il va bien finir par renverser quelque chose…
Mon pauvre Doudou a déjà détalé, complètement stressé par cette tornade blanche qui déboule sans crier gare.
« Oh là, Pipo, tout doux ! »
« Oui, tu es un gentil chien »
« Que veux-tu ? »
« Ouah, ouah ! Ça fait un moment que j’ai envie de te rencontrer. »
« Le paradis des animaux et des hommes, c’est bien gentil, mais une sortie intertemporelle, ça change de l’ordinaire !
Hum, et en plus il parle…
« Je sens bien ce que tu es en train de penser : un chien qui parle !? »
« Ce n’est pas vraiment çà, mais ce serait trop long à t’expliquer, alors laisses-toi aller ! On n’a pas de temps à perdre. Il faudra que je rentre rapidement, alors profitons à fonds de notre rencontre ».
Et Pipo d’enchaîner : Il a rencontré beaucoup de nos amis à quatre pattes là-haut. Ils nous donnent tous le bonjour, et ont envoyé Pipo en ambassadeur. Sa mission est de me rappeler quelques souvenirs d’animaux pour que je les mette par écrit sur mon blog.
Drôle d’idée, mais pourquoi pas, après tout nous sommes le troisième samedi du mois et c’est le jour du #RDVAncestral.
« J’étais le chien d’Alcide et Denise. Sais-tu si avant moi il y a eu d’autres animaux domestiques dans la famille ? »
Je lui explique que je fais de la généalogie, que les animaux n’avaient pas le même statut hier qu’aujourd’hui. Que les registres d’état civil ne parlent généralement que des hommes, que je n’ai pas encore exploré les actes notariés. Bref, je n’en sais rien.
Pipo a l’air un peu déçu, alors je reprends :
« Par contre j’ai connu plusieurs chats et quelques chiens de la famille.
Tu connais Andrée CINET, la maman de Jean-Marie, celle qui a pris la photo d’où tu es sorti ? Elle adorait les chats. »
« Est-ce que tu connais Misou, Pipo ? »
Le petit chien retrouve le sourire. Oui, bien sûr qu’il connaît Misou et Titus aussi. Deux gros matous noirs et blancs, qui se sont succédé chez Mémère et Pépère.
Je lui raconte cette fois où Mémère avait voulu donner un médicament à Titus. Le malheureux était tellement affolé qu’il en avait renversé le plateau de la table en formica.
Pipo poursuit : « Et le chat sourd, tu t’en souviens ? Un matou aussi, vous ne saviez pas d’où il venait, mais quand il a été tout surpris du petit coup de pied que ton frère lui avait mis, vous en aviez conclu qu’il était sourd. Je peux te dire que ce pauvre malheureux n’a pas apprécié du tout, même si le coup était léger ! »
C’est vrai qu’il y a eu et qu’il y a encore beaucoup de chats dans la famille. Du côté de Maman et de son père, du côté de Papa aussi.
Je montre quelques photos au petit chien : Croquette, ma première compagne féline, une chatte européenne tigrée ; sa sœur, Pupuce, que Mémère avait gardée avec sa mère, une jolie chatte toute noire, qui avait mis bas sur le tas de charbon, sous le bucher de la grand-mère. Elle était complètement affamée, quand Mémère l’avait trouvée et évidemment elle s’était vite installée dans la maison.
Impossible de montrer à Pipo toute la gente féline des soixante dernières années. Je suis loin d’avoir une photo de chacun, et puis je ne les connais pas tous.
Je fais tout de même mention de Moumousse, le chat de la famille Marzin. Pipo pense l’avoir croisé une fois. Une célébrité, ce Moumousse ! Le chouchou des garçons et de tous les séjours en Bretagne.
« Mais vous avez eu aussi d’autres animaux que les chats : poissons rouges, hamsters, il me semble. »
Pipo a raison. Nous avons eu quelques poissons rouges, mais les échanges avec eux sont très limités.
Je me souviens d’une anecdote, dont nous ne sommes pas fiers dans la famille. Quand nous partions en vacances, dans les années soixante-dix, les parents louaient une maison. A cette époque les locations saisonnières duraient un mois entier et nous ne pouvions pas laisser les poissons rouges sans nourriture aussi longtemps. Alors une année, nous avions confié les quelques poissons rouges aux grands-parents. Mémère a dû avoir peur que Titus n’aille à la pêche, alors elle a posé l’aquarium, tout en haut du buffet de la cuisine. Les poissons ont manqué d’air, le lendemain, ils flottaient à la surface, asphyxiés.
Heureusement mes histoires de hamster sont plus gaies.
Dans la famille de Monsieur, aux beaux jours, le hamster profitait du grand air, dans sa cage installée sur le balcon.
Chez moi, c’était au cellier, mais l’hiver pour qu’il n’ait pas froid, nous lui réservions un coin du buffet de la cuisine. Un jour Papa a négligemment posé un courrier contre la cage de Roudoudou. Heureusement il l’avait lu, car quand il a voulu reprendre l’enveloppe à la fin du repas, le hamster avait les bajoues bien gonflées.
L’anecdote amuse beaucoup Pipo. Il remue la queue, saute en l’air.
Puis il reprend son sérieux et me dit :
« Je vais devoir repartir et tu ne m’as pas encore parlé de Jaïna. »
C’est vrai, il y a eu d’autres chiens dans la famille. Resquize, la femelle boxer qui faisait pipi de joie dès qu’elle voyait Papa ; Polka et Inès, épagneuls bretons, et puis Jaïna et son fils Œdipe, goldens retrivers.
Jaïna, quelle chienne formidable ! Nous parlons encore d’elle très souvent. Dans la seconde partie de sa vie, elle a tout de même réussi à amadouer Croquette, une chatte pas commode du tout. Elle lui a même sauvé la vie !
Croquette devait avoir seize, dix-sept ans déjà, quand elle a fait un AVC. Elle était sortie dans le jardin et complètement perdue, ne parvenait pas à retrouver la maison. Jaïna s’en est aperçue, s’est mise à faire des allées et venues entre la table du déjeuner et la porte de la maison, à attirer notre attention comme elle pouvait. Au bout de quelques minutes, nous avons suivi la chienne et retrouvé Croquette haletante. C’est bien la seule fois où j’ai vu un chat tirer la langue comme un chien.
Ces souvenirs m’émeuvent tant que Pipo ne sait plus très bien que faire.
« Ne te tracasse pas, Pipo, ce sont de bons souvenirs. »
« Tu m’as dit que tu devais repartir maintenant. Alors je vais te charger d’une mission : embrasses pour moi tous mes ancêtres et parents et donnes une caresse à chaque animal, s’il te plaît. »
Le petit chien se rapproche de l’ordinateur, se retourne et lance :
« OK, tu peux compter sur moi, mais se sera plutôt une léchouille ! »
Il saute, regagne bien vite sa photo.
« Au revoir Pipo, à bientôt ! »
Mais oui, il ne faut pas oublier les animaux qui ont toujours une grande place dans la vie
MERCI ENCORE Laurence pour ce texte très touchant, qui m’a amené la larme à l’oeil en repensant à Jaïna et Moumousse, qui en fait s’appelait Moustache. Jaïna chienne si extraordinaire! Et quel super chien ce Pipo, tant aimé et tous ces chats si sympas …Je crois volontiers au « paradis des animaux » 🙂 ! Et je suis certaine qu’ils nous retrouvent après …
Je ne savais pas ça, nos compagnons à quatre pattes ont souvent des surnoms 😁