Décembre 2021, nous voici en plein dans la cinquième vague de la pandémie de COVID19.
Les plus âgés d’entre nous ont déjà reçu leur 3ème dose de vaccin. Pour d’autres il faudra bientôt prendre rendez-vous.
Les écoles primaires sont frappées de plein fouet. De nombreux écoliers sont positifs. Le virus circule au sein des familles. Les élèves de 6ème, pour lesquels la vaccination n’est pas possible, sont touchés, davantage que les autres collégiens.
Tout cela me fait repenser à cette autre épidémie que j’ai commencé à vous relater l’été dernier, avec la famille PERRIN.
Il faut bien se décider un jour, même si cela n’est pas bien gai.
Aller à Trémilly (Haute-Marne) au chevet des malades, et puis leur dire adieu.
Pour la circonstance je mets ma longue robe noire. Elle est légère, je pars pour la fin août 1832.
Je sors ma quantiquette de son étui. Je règle mon CARG* tout neuf et tourne la clé pour démarrer mon engin.
Je rejoins le cortège funèbre qui se dirige vers l’église de Trémilly. Jean « Joseph » PERRIN (1783-1848) est en tête avec à ses côtés une jeune fille d’une vingtaine d’années, et une enfant d’environ douze ans. Elles doivent être Marie Louise Eulalie PERRIN (1811-1884), mon Sosa 39, et sa sœur Marie Madeleine Thérèse PERRIN (1818-1900).
Pierre Nicolas Toussaint PERRIN (1813-1832), leur frère de dix-huit ans, n’est pas là. Pour sûr, le malheureux doit être cloué sur son lit, terrassé par le choléra.
Il y a quelques jours les PERRIN portaient en terre Marguerite, la sœur de Jean « Joseph », ici même à Trémilly. Elle avait rejoint le foyer de son frère, peut-être déjà malade. Elle avait emmené avec elle ses enfants. Ils sont là aujourd’hui pour les obsèques de leur tante. J’aperçois un garçon d’une quinzaine d’années qui pourrait être Joseph « Onésime JEANNESSON. Il va sur ses quinze ans. A côté de Marie Madeleine Thérèse, voici Marie Célénie JEANNESSON. Les deux cousines ont le même âge.
Et puis voici Jeanne BULARD (1761-1832). Elle accuse ses soixante et onze ans
Il faut dire qu’elle vient de perdre sa fille et sa belle-fille en cinq jours.
Ah, excusez-moi, je ne vous ai pas dit que je venais pour les obsèques de Madeleine Thérèse JACQUINET (1784-1832), l’épouse de Jean « Joseph » PERRIN. Elle a contracté le choléra, elle aussi.
La maladie est sournoise. Peu de malades ont des symptômes. L’incubation est de quelques heures, quelques jours tout au plus. Diarrhées, vomissements, pas de fièvre ; pas de traitement en 1832, la mort peut très vite survenir.
J’assiste à l’office, puis la dépouille de Madeleine Thérèse est mise en terre.
Le silence règne, oppressant dans ce petit cimetière qui jouxte l’église. L’assistance défile, asperge une dernière fois le cercueil d’eau bénite.
Je reste un peu en retrait, me recueille un instant auprès de mon aïeule.
Il va être temps de regagner le XXIème siècle. En passant à côté de la maison de Jean « Joseph », un cri déchire l’air. Je comprends que la famille vient de perdre un autre de ses membres. C’est Pierre Nicolas Toussaint PERRIN, cette fois, emporté par le choléra, comme sa mère.
Demain son père ira déclarer son décès à la mairie, toujours accompagné du cousin François ROZIERRE.
Le malheureux ne sait pas encore que dans dix jours il devra aller à Thil, cette fois, pour y enterrer Jeanne BULARD, sa mère.
Gorge serrée, je reprends ma quantiquette.
Triste rendez-vous aujourd’hui, mais j’ai tout de même le sentiment d’avoir accompli un geste important.
*CARG Compteur A Rebours Généalogique
Sources :
Symptômes du choléra, site de l’Institut Pasteur.
Famille PERRIN, une autre épidémie | |
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L’ainé, Jean « Joseph » PERRIN – Trémilly | Vous y êtes |
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Le cadet, Pierre « Nicolas » PERRIN – Cirey-Sur-Blaise | Bientôt |
Oui, bien triste rendez-vous mais, ô combien, important !